Théophile Roussel est né le 28 juillet 1816 à St Chély d’Apcher en Lozère. Petit-fils et fils de médecin de campagne, il débuta comme interne « provisoire » à l’hôpital de la Salpétrière (1840) dans le service du Dr Gratiolet.
L’année suivante, on le retrouve à l’hôpital St Louis. Tour à tour journaliste, historien, ethnologue, mais avant tout médecin, il s’intéresse aux maladies professionnelles chez les ouvriers des fabriques d’allumettes, des potiers en terre, des fabricants de bouchon ou des mineurs de mercure.
Il est élu député le 13 mai 1849 et représente la Lozère à l’Assemblée législative ; il a alors 33 ans. Le député, jeune marié, est fait chevalier de l’ordre de la légion d’honneur au titre de lauréat de l’Institut.
Dès la naissance du second Empire, Théophile Roussel, républicain convaincu se retire de la vie politique et rejoint ses chères montagnes de Lozère. Désormais, sa vie sera partagée entre Paris et les hauts plateaux de Gévaudan, où il exercera l’activité de médecin de campagne. A aucun moment Théophile Roussel ne se désintéresse de la vie locale et départementale : nous le retrouvons conseiller municipal, conseiller général puis Président du Conseil Général de la Lozère. Après la chute du second empire, Théophile Roussel sera de nouveau élu représentant de la Lozère et aborde une activité parlementaire très intense, que seul son grand âge parviendra à tempérer.
Appartenant à la gauche républicaine, le député lozérien sera à l’origine de plusieurs propositions de lois, notamment celle tendant à réprimer l’ivresse publique et à combattre les progrès de l’alcoolisme. Mais le grand mérite du député, puis sénateur (6 janvier 1879), c’est l’intérêt qu’il porte aux enfants et sa volonté de faire admettre, sous forme de lois, leur protection et leur dignité. Il suggère tout d’abord que la limite d’âge des enfants admis à travailler dans les manufactures soit fixée à 14 ans. L’âge fut finalement arrêté à 12 ans.
Il est à l’origine de plusieurs propositions de lois ayant pour objet l’organisation de l’assistance médicale pour les indigents qui aboutira à l’établissement de l’Assistance médicale gratuite. Un peu plus tard, c’est une tentative de révision de la loi du 30 juin 1838 sur les aliénés.
Mais une des lois essentielles que l’on nommera plus tard » loi Roussel » concernera la protection de la petite enfance qui sera adoptée le 23 décembre 1874. A une époque ou plus d’un enfant sur deux périssaient avant l’âge d’un an révolu de misère ou de faim, la » loi Roussel » organisera ce qui était une véritable industrie nourricière. Un corps de plus de 4000 médecins inspecteurs est créé pour mettre en place et veiller à l’application de ce nouveau texte.
Théophile Roussel créé la » Société Générale des Prisons » en vue d’améliorer le régime pénitentiaire des jeunes détenus. Concernant la protection des enfants moralement abandonnés, il aboutit au texte législatif du 24 juillet 1889 qui permet de prononcer la déchéance paternelle (lorsque les parents sont jugés inaptes à éduquer leurs enfants).
Au seuil de sa vieillesse, le sénateur se rend aux Etats-Unis où l’on sait qu’il visita des asiles d’aliénés dont » l’installation générale et la bonne tenue étaient au niveau de nos meilleurs asiles « . En 1896, un jubilé est organisé pour lui rendre hommage dans l’amphithéâtre de la Sorbonne. Membre de l’Institut de l’Académie de Médecine et de sociétés savantes, Théophile Roussel est unanimement reconnu comme philanthrope éclairé.
Il s’éteindra à 87 ans dans son château de Lozère en 1903. De nombreux hommages posthumes lui furent rendus et monuments édifiés soit à Paris, soit en Lozère.
Depuis 1902 et sans discontinuité, notre établissement s’honore de porter le nom de ce » bienfaiteur de l’humanité » et précurseur de la législation de protection des enfants.